mardi 27 mars 2007

Eta Itali : un homme

Il a 50 ans. Il tient une canne dans sa main, il se sent en sécurité, le village le protège par ses arbres, ses pierres, ses fleurs. Il n’a presque plus de cheveux sur la tête. son visage est ridé. Il déteste la vie.

Il a 40 ans. Il porte une bêche. Une goutte de sueur coule sur son visage et tombe devant lui, comme pour le guider, pour lui montrer la route vers la fertilité. Son pied a été plâtré après un accident.

Il a 70 ans. Il est couché sur le lit avec une pipe à la bouche, les yeux dirigés vers le ciel, le regard livide. Il repense à ses pêchés.

Il a 18 ans. Il est attaché au cou par une cravate. Il est debout face aux inspecteurs. Il est entouré de plusieurs personnes. Il est étudiant à l’université.

Il a 25 ans. Il a le regard planté sur son avenir, sur l’espoir d’avoir des enfants. Au bout d’un mois de mariage, son cœur se brise après la trahison de sa femme. Il est stérile.

IL a 90 ans. Il est recouvert d’un drap blanc. Il est immobile, les yeux fermés, il ne sent rien. Il est au dessous d’une terre fraîche. Il est enterré dans un cimetière.

IL a 1 an. C’est son premier pas sur la terre. Sa famille l’encourage avec enthousiasme. Il est tout petit, comme une poule.

IL a 14 ans. Il a l’age de la puberté. Il commence à prendre ses responsabilités. Sa façon de penser change. Il se trouve une petite amie dont il a rêvé toute sa vie. Il se coiffe comme les chanteurs, avec du gel sur la tête.

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Consignes

  • "Un homme" ou "une femme" : portrait d'un homme ou d'une femme qui compte, en reprenant à Claude Simon (Les Géorgiques) le principe d'un "il" ou d'un "elle" associé au présent, sans souci de chronologie : restituer plutôt dans l'ordre que nous livre la mémoire ou la concentration, livrer une série de faits et gestes suspendus dans le temps de cette personne devenant personnage.

  • "Celui qui / celle qui" : à partir du chant IV d'Exil de Saint-John Perse, inventorier ceux qui comptent dans sa propre généalogie, en une seule phrase où l'on dit ce qui chez eux retient.

  • "Tu" : à partir du prologue de Lambeaux de Charles Juliet : à travers un "tu" et le présent, essayer de saisir ou reconstruire l'attitude, la présence au monde, les pensées, en plusieurs scènes (lieux et instants précis), d'une personne qui nous importe mais nous est difficilement accessible.

  • "Lieux où l'on a dormi" : à partir d' Espèces d'espaces de Georges Perec : inentaire des lieux où l'on a dormi, avec développements possibles de détails...
Pistes développées et explicitées par François bon dans Tous les mots sont adultes.