mardi 27 mars 2007

Adada Ghibarn : un homme

Il a 65 ans. Il met la main dans sa poche. Il en fait sortir une pipe. Il met sa deuxième main dans la deuxième poche et sort une allumette. Il allume la pipe. Il ricane fortement « hé hé hé hé »

Il a 12 ans. Il court dans les prairies. Il tue les animaux. Il est très sauvage. Il joue avec ses amis. Il lance la balle sur la tête de son amie. Il pleure.

Il a 16 ans. Il est amoureux. Il ne dort pas. Il regarde pendant toute la nuit les étoiles. Il est à l’école. Il regarde le visage de son aimant. Il écrit des poèmes d’amour. Il les offre à sa copine.

Il a 100 ans. Il ouvre la bouche. Il parle en tremblant. Il parle à son fils tout doucement. Il le regarde comme si c’était le dernier regard. Il ferme les yeux tout doucement et il s’en va.

Il a 53 ans. Il est devant le tombeau de son père. Il pleure, des larmes coulent.

Il a 35 ans. Il est heureux. Il vient de trouver la fille avec laquelle il va rester pour toujours.

Il a 1 minute. Il vient de naître. Il est à l’hôpital. Il pleure fortement.

Il a 6 ans. Il est malade. Il va chez le docteur. Il s’allonge sur le lit. Des larmes coulent. Il a peur du docteur.

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Consignes

  • "Un homme" ou "une femme" : portrait d'un homme ou d'une femme qui compte, en reprenant à Claude Simon (Les Géorgiques) le principe d'un "il" ou d'un "elle" associé au présent, sans souci de chronologie : restituer plutôt dans l'ordre que nous livre la mémoire ou la concentration, livrer une série de faits et gestes suspendus dans le temps de cette personne devenant personnage.

  • "Celui qui / celle qui" : à partir du chant IV d'Exil de Saint-John Perse, inventorier ceux qui comptent dans sa propre généalogie, en une seule phrase où l'on dit ce qui chez eux retient.

  • "Tu" : à partir du prologue de Lambeaux de Charles Juliet : à travers un "tu" et le présent, essayer de saisir ou reconstruire l'attitude, la présence au monde, les pensées, en plusieurs scènes (lieux et instants précis), d'une personne qui nous importe mais nous est difficilement accessible.

  • "Lieux où l'on a dormi" : à partir d' Espèces d'espaces de Georges Perec : inentaire des lieux où l'on a dormi, avec développements possibles de détails...
Pistes développées et explicitées par François bon dans Tous les mots sont adultes.