samedi 21 avril 2007

Jabs : tu

Tu es dans la chambre. Tu attends impatiemment ton mari. Tu te fais belle, tu vérifies, à chaque coin de ton visage, si tu as bien mis ton rouge à lèvres de couleur rouge vif, s’il ne déborde pas ; tu vérifies une 5ème et dernière fois si tes boutons, après que tu leur as mis du fond de teint, apparaissent toujours. Tu rajoutes à nouveau du mascara sur tes yeux, pour ressembler à une reine devant ses esclaves et qui obtient tout ce qu’elle demande. Tu penses à la robe rose tachée aux couleurs de l’arc en ciel et qui t’allait à merveille. Tu veux l’acheter après avoir amadoué ton amour unique et ton avenir lointain. Tu arranges ton lit plusieurs fois à cause de la nervosité qui te démange le corps, et ton impatience qui te rend encore plus nerveuse, à te mordre la peau. Tout d’un coup tu entends la serrure de la porte qui fait « clac, clac….. » et te rend sourde. Ton mari monte l’escalier tout doucement et t’assourdit. Le voilà qui arrive à la porte de ta chambre, bien habillé, avec un costume tout neuf et son odeur qui arrive jusqu’à ton nez, odeur d’un goût sucré. Tu restes sans dire aucun mot, tu es surprise et tu retombes dans l’amour perdu. Et le voilà, qui te saute dessus avec une joie jamais vue auparavant, en criant « j’ai obtenu une augmentation » et là tu te rassures. Là tu oublies la robe que tu as vue dans le magasin du voisin, et tu penses à la belle robe noire que tu as vue sur la route principale, mais qui était très chère. Tu as une sensation très forte qui t’arrive jusqu'au bout du nez. Tu te dis aussi qu’aujourd’hui ce sera une nuit pleine de câlins, d’amour, de bisous, qui t’enflamment de l’intérieur et te donnent en plus une sensation d’amour.

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Consignes

  • "Un homme" ou "une femme" : portrait d'un homme ou d'une femme qui compte, en reprenant à Claude Simon (Les Géorgiques) le principe d'un "il" ou d'un "elle" associé au présent, sans souci de chronologie : restituer plutôt dans l'ordre que nous livre la mémoire ou la concentration, livrer une série de faits et gestes suspendus dans le temps de cette personne devenant personnage.

  • "Celui qui / celle qui" : à partir du chant IV d'Exil de Saint-John Perse, inventorier ceux qui comptent dans sa propre généalogie, en une seule phrase où l'on dit ce qui chez eux retient.

  • "Tu" : à partir du prologue de Lambeaux de Charles Juliet : à travers un "tu" et le présent, essayer de saisir ou reconstruire l'attitude, la présence au monde, les pensées, en plusieurs scènes (lieux et instants précis), d'une personne qui nous importe mais nous est difficilement accessible.

  • "Lieux où l'on a dormi" : à partir d' Espèces d'espaces de Georges Perec : inentaire des lieux où l'on a dormi, avec développements possibles de détails...
Pistes développées et explicitées par François bon dans Tous les mots sont adultes.