jeudi 26 avril 2007

Alamata Fiv : tu

Tu es assise sur le tabouret de la cuisine. Tu trembles, tu as froid. Tes yeux sont fixés sur le feu de la cheminée. Tu te lèves, tu te diriges vers la cheminée et tu poses tes mains au-dessus du feu. Tu as froid toujours. Tes mains frémissent du vent qui passe à travers les trous de la porte. Tu as le vertige. Tes yeux tournent et ta tête aussi. Les poils de tes mains deviennent de couleur bleue, ton corps se transforme en une rivière de feuilles mortes. Tu te lèves et tu cours dans la cuisine qui te semble un tombeau, tu ouvres l’armoire et tu prends un médicament. La pastille ne passe pas dans ton œsophage pendant quelques minutes, tu te sens étranglée et les mots se nouent dans ta gorge. Au bout de quelques minutes, tu allumes la télé, tu regardes les infos : le bombardement de la grande ville te fais peur. Tes poumons s’étranglent, tu ne peux plus respirer, tu as besoin d’un grand repos pour monter dans le paradis des sentiments. Tu poses ta tête sur le coussin, tu t’allonges sur le canapé, tu t’amuses à contempler les étoiles et leur lumière qui passe à travers la vitre et te perce les yeux. Tu retiens quelques sourires sur tes lèvres, tu n’oses pas les montrer de peur que le vent ne vienne et te les vole. Tu as besoin d’un corps auprès du tien qui viendrait te caresser, te rendre joyeuse et mettre fin à cette longue solitude comme les arbres dénudés.

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Consignes

  • "Un homme" ou "une femme" : portrait d'un homme ou d'une femme qui compte, en reprenant à Claude Simon (Les Géorgiques) le principe d'un "il" ou d'un "elle" associé au présent, sans souci de chronologie : restituer plutôt dans l'ordre que nous livre la mémoire ou la concentration, livrer une série de faits et gestes suspendus dans le temps de cette personne devenant personnage.

  • "Celui qui / celle qui" : à partir du chant IV d'Exil de Saint-John Perse, inventorier ceux qui comptent dans sa propre généalogie, en une seule phrase où l'on dit ce qui chez eux retient.

  • "Tu" : à partir du prologue de Lambeaux de Charles Juliet : à travers un "tu" et le présent, essayer de saisir ou reconstruire l'attitude, la présence au monde, les pensées, en plusieurs scènes (lieux et instants précis), d'une personne qui nous importe mais nous est difficilement accessible.

  • "Lieux où l'on a dormi" : à partir d' Espèces d'espaces de Georges Perec : inentaire des lieux où l'on a dormi, avec développements possibles de détails...
Pistes développées et explicitées par François bon dans Tous les mots sont adultes.